Économie circulaire : Les ambitions de "3e Manche"

Tandis que la marque fête ses deux ans cet automne, 3e Manche illustre le potentiel d’une économie circulaire en montagne. 

Tout en finalisant son master en entrepreneuriat et développement durable, Zoé Pellicier a réalisé sa première saison complète en tant que monitrice durant l’hiver 2021-2022. C’est au moment de recevoir sa nouvelle tenue professionnelle que s’est posée la question du devenir de l’ancienne. En échangeant avec ses collègues, beaucoup lui confient les conserver dans leurs placards, quand quelques-uns peuvent les réutiliser dans le cadre de leur profession estivale. Devant l’interdiction de donner ou de vendre ces tenues de moniteur, l’idée de leur recyclage fait son chemin durant la fin de son master. Elle consacre son mémoire et son stage de fin d’étude à ce projet d’upcycling (« surcyclage » en français). Après la réalisation de quelques prototypes, l’aventure « 3e Manche » a débuté à l’automne 2022, initialement par la collecte d’anciennes tenues de l’ESF, pour laquelle travaille Zoé. D’autres sources de dons sont venues ensuite : les tenues des ESI, de l’UCPA, de ski clubs – « Cela permet également de varier les couleurs » – et dernièrement de la FFS, auxquelles se sont ajoutées des bâches de matelas de protection provenant du domaine skiable de la Plagne.

Une récupération de l’ordre de 90 %

« Une tenue complète idéale dans un état correct permet une récupération de l’ordre de 90 %. » Le tissu extérieur est revalorisé, la ouate l’est pour partie (notamment pour le rembourrage de coussins), la majorité des fermetures éclair est également réutilisée, les cordons élastiques et les pièces plastiques des tours de capuche trouvent aussi leur utilité. Le résultat ? Des produits déco et des accessoires de mode ou du quotidien… Banane, sac, bob, trousse de toilette, porte-clé, coussin, bloc-porte. Le modèle de porte-gourde est le premier produit « technique » d’une gamme que Zoé Pellicier souhaite développer à destination des corps de métier évoluant en montagne et utilisables dans le cadre de leur activité. « À long terme, mon but est de revaloriser toutes les matières professionnelles que l’on peut trouver en montagne et qu’il est possible de revaloriser grâce à l’upcycling. » Zoé Pellicier collecte en montagne pour revendre en montagne, une forme d’économie circulaire à laquelle s’ajoute la vente en ligne.

Élargir la distribution

L’appellation de la marque fait autant référence à la troisième manche des compétitions de ski, accordée aux plus jeunes pour se rattraper, qu’aux deux manches d’une veste de ski qui permettent d’imaginer un troisième produit grâce à l’upcycling. Seule derrière cette marque, Zoé Pellicier est entourée pour la production, réalisée en externe : elle travaille soit avec des ateliers de réinsertion professionnelle, soit avec des couturières indépendantes.

Installée en Maurienne, à Albiez-Montrond, 3e manche a produit près de 500 pièces durant sa première année, tous types confondus. Cette année, 700 à 800 pièces devraient sortir des ateliers. Une activité qui ne permet pas à sa fondatrice d’en vivre, mais qui s’est autofinancée dès la première année. Déjà diffusé dans les magasins de ski, 3e Manche est désormais en recherche de nouveaux partenaires en station pour la distribution de ses produits en montagne et auprès d’une clientèle sensible aux sports d’hiver et à l’upcycling.