Cauterets : Une transition d’avance

Station de montagne davantage qu’une simple station de ski, Cauterets a opéré sa transition dès la création du domaine skiable en 1964, qui était au fond une activité de diversification d’un tourisme originellement basé sur le thermalisme.

Pour Jean-Pierre Florence, maire de Cauterets, « on est riche de nos cascades qui coulent dans le village, de nos 160 kilomètres de sentiers, de notre cinquantaine de lacs d’altitude ». Bien que sa carrière professionnelle ait été largement liée au ski (moniteur ESF pendant une vingtaine d’années, directeur d’exploitation du domaine skiable de 1990 à 2001), l’édile voit dans ce patrimoine naturel préservé le principal atout de ce village de 861 habitants des Hautes-Pyrénées, situé à 950 mètres d’altitude. 12 des 18 000 hectares de la commune se trouvent en zone cœur du parc national des Pyrénées. Cauterets compte aussi trois zones classées Natura 2 000. Le périmètre purement urbain du village est lui classé site patrimonial remarquable avec ses façades de la Belle Epoque. « On a un patrimoine architectural très riche, qui s’est développé essentiellement de 1850 à 1930, grâce au Cauterets thermal. Le village était alors très réputé, avec une clientèle aristocratique, qui descendait notamment à l’Hôtel d’Angleterre, l’un des plus prestigieux de la moitié Sud de la France. » Avec ses sources naturelles d’eau chaude (l’eau y sort à 60 degrés), Cauterets a d’abord misé sur le thermalisme. Le ski est venu plus tard, en 1964, avec en parallèle le développement de toutes les activités de montagne, comme la randonnée pédestre. Le Pont d’Espagne et le lac de Gaube (dont une montée sur le télésiège de Gaube permet de raccourcir l’accès) sont ainsi très prisés des touristes. Le tourisme est ici quasiment la seule activité économique : « Il représente 95 % de nos revenus, même si on a aussi un peu d’artisanat et d’agriculture », précise Jean-Pierre Florence. Mais contrairement à de nombreuses stations françaises où le ski vampirise l’activité touristique, celle-ci est ici beaucoup plus répartie : « Les sports d’hiver constituent 30 % de nos retombées touristiques, le thermalisme 20 % et le tourisme de montagne 50 % (randonnée et tout ce qui n’est ni ski, ni thermalisme) », détaille le maire de Cauterets. Un atout indéniable au moment où la transition touristique est le cheval de bataille numéro un des stations de ski pour faire face au changement climatique. Si le tourisme génère de l’emploi dix mois sur douze, il rend aussi l’accès au logement plus difficile pour les habitants permanents, dont le nombre a d’ailleurs baissé de 20 % entre 2012 et 2021. « Le logement est cher (de 4 à 5 000 € le m² pour le neuf). La mairie projette de racheter un ancien hôtel pour le transformer en logement social, comme on l’avait déjà fait avec un autre établissement converti en résidence pour travailleurs saisonniers », conclut Jean-Pierre Florence.