Serre-Chevalier : La plus au Nord des stations du Sud

Le territoire effilé sur lequel a pris place Serre-Chevalier fut, des siècles durant, un lieu de passages et d’échanges. Dès l’Empire romain, Saint-Chaffrey, déjà reconnu pour les bienfaits de ses eaux, était sur la via Stabatio qui conduit vers Grenoble, tandis que Briançon est sur le tracé de la via Domitia, imaginée pour relier l’Italie à l’Espagne. Stratégique pour les déplacements et le commerce, cette voie de passage le fut tout autant lors des mouvements de populations germaniques (IIIe siècle), ou plus tard, pour les armées du duché de Savoie (XVIIe siècle). Outre un héritage de fortifications, la vallée de la Guisane se trouvera impactée par la division en 1713 entre le royaume de France et le duché de Savoie, côté italien. L’épanouissement économique viendra avec la stabilité politique et le XIXe siècle. Les loisirs accompagneront cette période, avec le développement de la pratique du ski, en dépassant l’usage de déplacement en hiver qu’en faisait le 159e régiment d’infanterie alpine, basé à Briançon.

Briançon – Coucher de soleil ⎮ © Jean-Baptiste CHANDELIER

Un téléphérique coûte que coûte

Quelques visionnaires discernent un potentiel d’aménagement et débutent, malgré la Seconde Guerre mondiale, la construction d’un téléphérique. Les conditions météorologiques et le conflit ne feront que ralentir le chantier, et en 1941, l’appareil relie la vallée à Serre Ratier, et plus haut à Serre-Chevalier. La demande touristique suivra, et avec elle la nécessité de nouvelles remontées mécaniques, ainsi que l’aménagement de nouvelles pistes. L’apport économique des sports d’hiver, associé à l’offre de thermalisme, entre dans une autre dimension, et toutes les communes de la vallée en bénéficient avec la mise en place progressive d’appareils structurants au départ de chacun des villages, dont la télécabine du Prorel en 1989, pour associer Briançon au domaine existant.

De l’agitation à l’exemplarité

Serre-Chevalier connaît alors une période d’exploitation agitée. Les régies municipales sont d’abord unifiées autour d’une SEM en 1992, que quittera Saint-Chaffrey pour des motifs économiques. Les difficultés aboutissent au redressement judiciaire de la SEM, dans l’incapacité d’investir les sommes nécessaires à la modernisation des infrastructures du domaine skiable. L’arrivée de la Compagnie des Alpes en 2004 permettra d’unifier le domaine, de redresser la barre économique et de lancer la rénovation du parc de remontées mécaniques. Production d’énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectricité), système de vente en ligne Open resort, le territoire peut désormais compter sur un opérateur qui fait office de laboratoire pour le groupe CDA, rendant la destination exemplaire. De bon augure pour l’avenir puisque certains clients choisissent Serre-Chevalier pour ces démarches environnementales vertueuses.